Dr Augustin MORVAN (1819 – 1897)
"L'académie apprendra certainement avec
regret la perte nouvelle qu'elle vient de faire en la personne de Monsieur le
Docteur MORVAN, de LANNILIS, correspondant national de la première division.
D'excellents travaux, tels que sa thèse inaugurale sur l'anévrisme
variqueux, des mémoires sur le myxoédème de la Basse Bretagne,
plus connu encore sous le nom de maladie de MORVAN, sur la parésie analgésique,
sur la chorée fibrillaire, etc... lui avaient acquis nos suffrages. Monsieur
le Docteur MORVAN a eu le mérite, quoique vivant dans un coin reculé
de Bretagne, en dehors de tout mouvement scientifique, d'aimer la science et
d'attacher son nom à plusieurs découvertes".
Tel est l'extrait élogieux du Docteur Augustin MORVAN que faisait l'Académie
de Médecine de PARIS dans son bulletin mensuel de mai 1897.
Augustin Marie MORVAN est né en 1819 à
LANNILIS. Son père, Jean-Marie, et sa mère, Louise Marie Prudence
FLOCH, étaient cultivateurs à LANNILIS ; Augustin MORVAN eut sept
frères et sœurs.
Il fit ses études primaires et secondaires au
collège de LESNEVEN, commença ses études de médecine
à l'Ecole de Médecine de la Marine à BREST et les continua
à la Faculté de PARIS.
En 1843, il est reçu interne des Hôpitaux de PARIS, et est à
cette époque dans le service de NELATON, chirurgien de l'empereur.
En 1845, il présente sa thèse de doctorat
sur l'anévrisme variqueux.
Son internat terminé, malgré l'attrait de PARIS et les hautes
relations qu'il s'y est créées, le Docteur MORVAN décide
de venir s'installer dans sa Basse Bretagne natale. Il hésite un moment
à créer un cabinet à BREST, mais, en de compte, il préfère
s'installer chez lui-même à LANNILIS.
A cette période, en 1847, LANNILIS est un gros
bourg de 3000 habitants, avec une campagne environnante très peuplée.
Le Docteur MORVAN mène alors de front sa carrière médicale
et une carrière politique. Ses concitoyens le portent à la mairie
de LANNILIS en 1857, il est ensuite conseiller général et député
à l'assemblée législative de 1871, il inaugure la IIIème
République.
Ses activités sont consacrées par la fameuse
loi MORVAN-ROUSSEL sur la protection de l'enfance malheureuse, loi qu'il avait
personnellement conçue. La loi sur l'assistance publique obligatoire
découlera de la sienne. Il protège les pauvres, les enfants abandonnés
et, bravant une opinion peu évoluée, il révolutionne l'esprit
social de cette fin de siècle en se penchant sur la triste situation
des filles-mères.
Pendant toute la durée de son mandat parlementaire,
il soigne gratuitement. La nuit, il rédige les observations intéressantes
qu'il a pu recueillir dans la journée ; il ne se contente pas d'observer,
il entreprend aussi la synthèse de son travail.
En 1883, il consacre, dans la "Gazette Hebdomadaire",
un mémoire fort remarquable, à décrire une maladie, caractérisée
par des panaris répétés, qui présentaient cette
particularité, celle d'être indolores ; il rapportait sept observations
de cette affection qu'il proposait d'appeler : "parésie analgésique
ou paréso analgésie des extrémités supérieures".
Il insistait sur l'extension symétrique des accidents, aux deux membres
supérieurs.
Il indiquait la moelle cervicale comme siège probable des lésions
; enfin, il discutait fort judicieusement le diagnostic et affirmait l'autonomie
du type clinique qu'il venait de créer. Bientôt, de nouvelles observations
furent rapportées par GUELLIOT de REIMS et par BROCA.
En 1886, dans un second mémoire, avec huit cas nouveaux, MORVAN complète
la description des troubles trophiques. En 1890, MORVAN présente cinq
observations d'une autre maladie qu'il se propose d'appeler "la chorée
fibrillaire" et qui deviendra la maladie de MORVAN, c'est une maladie qui
l'a rendu célèbre ; après une éclipse passagère,
la chorée fibrillaire fut remise à l'honneur vers 1850 par le
Professeur MOLLARET de PARIS.
MORVAN publia beaucoup. Parmi son œuvre scientifique,
nous pouvons retenir, en particulier, les publications suivantes :
- "De la parésie analgésique à panaris des extrémités
supérieurs ou paréso analgésie des extrémités
supérieurs". (Gazette hebdomadaire, 1883)
- "Nouveaux cas de paréso analgésie des extrémités
supérieurs". (Gazette hebdomadaire, 1886)
- "De la scoliose dans la paréso analgésie". (Gazette
hebdomadaire, 1887)
- "Des arthropathies dans la paréso analgésie". (Gazette
hebdomadaire, 1887)
- "De l'onyxis malin et de son traitement par l'iodoforme". (Gazette
hebdomadaire, 1888)
- "De la chorée fibrillaire". (Gazette hebdomadaire, 1890)
- "De la fracture de la cavité splénoïde du temporale".
(1888)
- "Du myxoédème en Basse Bretagne". (1875)
Aussi, devant tout ce travail original accompli par MORVAN, il ne faut pas s'étonner
que l'Académie reconnut très vite sa valeur en le nommant membre
correspondant de l'Académie de Médecine de PARIS.
Jusqu'à la fin de sa vie, il travaille inlassablement,
observant, rédigeant, mais surtout, soignant le malade qui faisait des
dizaines de kilomètres pour consulter "An aotrou MORVAN", Monsieur
MORVAN. Son nom était prononcé avec ferveur et respect dans toute
la campagne de la Basse Bretagne.
Il s'éteignit le 20 mars 1897 à LANNILIS,
à l'âge de 78 ans. Les obsèques furent une imposante manifestation
de sympathie. Mais la gloire du monde passe ; en 1945, beaucoup avaient oublié
ou jamais entendu prononcer le nom d'Augustin MORVAN ; BREST a donc été
bien inspiré en plaçant son hôpital sous le patronage du
Docteur Augustin MORVAN : son œuvre médicale justifie cet honneur.